Internet est devenu aujourd’hui un relais de communication incontournable pour les hommes politiques. C’est un outil extraordinaire pour mobiliser, faire passer des messages politiques et toucher des milliers voir des millions de personnes en un instant. La campagne de Barack Obama lors des dernières élections présidentielles américaines en est une nette illustration. Aujourd’hui en Afrique, des leaders politiques s’intéressent de plus en plus à Internet notamment par la création de blogs, de sites web, de pages sur les réseaux sociaux (facebook, twitter, friendfeed) et autres. Au Sénégal, Moustapha Niasse, Idrissa Seck, Ousmane Tanor Dieng et beaucoup d’autres hommes politiques sont présents sur facebook. Certains de ces leaders comptent des centaines voir des milliers de fans sur leurs pages. Internet, comme nous l’avons expliqué, est un outil de communication facile d’accès et trés efficace. C’est aussi un bon outil de mesure de réputation et de visibilité sur le net.
Les recherches que nous avons menées s’intéressent plus particulièrement à ces deux derniers points (réputation et visibilité). La « visibilité » pose la question « Qui parle de moi ? » et la “réputation”« Comment parle t-on de moi ? ». En guise d’exemple, pour la visibilité de nos leaders politiques sur les réseaux sociaux, nous avons pu la mesurer grace au site HowSociable.com. Pour les résultats c’est Karim Wade qui arrive en tête avec un indice de visibilité de 45 suivi de Macky Sall avec un indice de 41, Idrissa Seck est troisième avec un indice de 33. Ces scores sont extrêmement bas comparés à ceux du président français Nicolas Sarkozy (694) ou encore de Barack Obama (3350).
En ce qui concerne notre étude, nous avons effectué nos recherches le 18 octobre 2010 sur les moteurs de recherche, les portails et les quotidiens sénégalais considérés comme étant les plus fréquentés par les internautes et plus particulierement les internautes sénégalais. Cette étude ne se veut ni figée ni exhaustive. Elle pourrait être poussée plus loin pour donner des résultats plus pointus. Néanmoins, elle se veut assez explicite sur la réputation et la visibilité des leaders politiques.
Classement sur les moteurs de recherche
Les recherches ont été effectuées sur les moteurs google, bing, yahoo, voila et altavista. Sur google, nous avons retrouvé 1.842.000 pages où les noms de Moustapha Niasse, Idrissa Seck, Ousmane Tanor Dieng, Karim Wade et Macky Sall ont été cités. Sur ces 1.842.000 de pages, les 29% concernent Karim Wade, 27% Idrissa Seck, 20% Macky Sall, 16% Moustapha Niasse et 8% Ousmane Tanor Dieng. Sur Yahoo avec 3.474.100 pages, c’est Idrissa Seck qui arrive en tête avec 47% suivi de Karim Wade 39%, Macky Sall 11%, Ousmane Tanor Dieng 2% et Moustapha Niasse 1%. (Pour plus de détails voir le document)
Classement sur les portails sénégalais
En ce qui concerne les portails sénégalais, nous avons choisi Seneweb, Rewmi, Xalima, Xibar et Ferloo. Les pages en question sont celles qui sont indexées par le moteur de recherche google considéré comme étant le plus important en terme d’indexation sur le web. Sur seneweb par exemple, c’est Idrissa Seck qui arrive en tête avec 41% suivi de Karim Wade avec 39%. Sur rewmi c’est Karim Wade avec 46% suivi d’Idrissa Seck avec 25%. Macky Sall se classe troisième sur seneweb et sur rewmi avec respectivement 10% et 18%.
Globalement pour les portails, c’est Karim Wade qui arrive en tête avec 89.801 pages, suivi d’Idrissa Seck avec 35.164 pages, Macky Sall 19.511, Ousmane Tanor Dieng 6.360 pages, Moustapha Niasse ferme la marche avec 4.022 pages. (Pour plus de détails voir document)
Classement sur les quotidiens sénégalais
Pour les pages des quotidiens sénégalais, globalement, c’est Idrissa Seck qui arrive en tête avec 32% des pages. Il est suivi de Karim Wade avec 25%. Toutefois, nous pouvons remarquer que sur trois des cinq quotidiens choisis, Karim Wade arrive en tête. Il s’agit de l’observateur, de sud quotidien et le quotidien. Macky sall se classe premier sur le soleil avec 6.010 pages. Il est deuxième derriére Idrissa Seck sur nettaliavec 45.000 pages. (Pour plus de détails voir document)
Réputation sur le web
Les pages citant Moustapha Niasse sur le net sont des pages de présentation de sa personne et de son parti l’AFP. Il y a beaucoup de pages sur ses activités politiques à l’intérieur et à l’extérieur du pays mais aussi sur son passage à la primature et des attaques contre sa personne. [REPUTATION SUR LE WEB ASSEZ BONNE].
Les pages sur Idrissa Seck traitent en grande parti son parcours politique au sein du PDS et REWMI, son passage à la primature, sa campagne électorale de 2000, son affaire avec le pouvoir, ses visites dans les villes saintes comme Touba et Tivaoune. Il y a également un énorme nombre de pages portant sur des attaques contre sa personne et sa carriére politique. [REPUTATION SUR LE WEB MITIGEE]
Pour Ousmane T. Dieng, nous avons des pages de présentation en tant que secrétaire général du parti socialiste mais aussi ses activités à l’extérieur du Sénégal et au sein de Bennoo Siggil Senegaal et ses attaques contre le régime en place. [REPUTATION SUR LE WEB BONNE]
Pour Karim Wade, l’essentiel des pages traite de son éventuelle candidature à l’élection présidentielle de 2012, sa présence et ses activités au sein du gouvernement de Souleymane N. Ndiaye mais et surtout des attaques contre sa personne (corruption, dévolution monarchique, incompétence…)[REPUTATION SUR LE WEB MAUVAISE]
Les pages parlant de Macky Sall sur le web évoquent le plus souvent son parcours politique et professionnel, la création de son parti l’APR, son affaire avec le président Wade, son passage à la primature et ses attaques contre le régime en place. [REPUTATION SUR LE WEB ASSEZ BONNE]
Amadou Mahany CISSE
Consultant en Intelligence économique
amadou.cisse@intelligeco.com
Cliquez sur le fichier ci dessous, pour une lecture détaillée de l’étude
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Quelle politique TIC pour le Sénégal ?
Historique
Au Sénégal, la science et la technologie ont toujours occupé une place prépondérante dans les programmes et politiques des décideurs. Le développement de l’informatique et des technologies de l’information et de la communication a révolutionné l’ensemble des secteurs d’activités de plusieurs façons différentes. Cette révolution s’est opérée suivant trois grandes périodes. La première est caractérisée par l’avènement de la première génération de machines qui constituaient un outil de calcul destiné à résoudre des problèmes numériques (1950) et qui eut comme corollaire l’apparition vers les années 70 de nouvelles méthodes scientifiques et puissantes de traitement de l’information.
La puissance de l’outil informatique a ainsi fait rêver les scientifiques, à juste titre d’ailleurs : les difficultés de calcul, qui limitaient auparavant l’application des méthodes mathématiques dans les sciences appliquées, ont été résolues tout d’un coup, d’une façon déconcertante, et on a pu constater le remplacement soudain des tables numériques et des règles à calcul par les calculatrices. Avec l’ordinateur, dans les années 80, les scientifiques ont eu l’impression de la disparition des limites dans l’expérimentation et la modélisation et un espace de recherche immense s’est ouvert devant eux.
Ces années 80 ont caractérisé la seconde période qui est marquée par l’avènement de la micro informatique qui fut en soi une révolution qui imprima à l’informatique une nouvelle trajectoire.
Au Sénégal cette période a été marquée par l’élaboration, dés 1979, d’un schéma directeur informatique dont le principal objectif était d’introduire cette nouvelle science dans les secteurs essentiels de l’administration publique. On peut aussi noter la création d’une filière de formation de DUT informatique à l’IUT de Dakar (qui fut d’abord ENSUT et actuel ESP), celle de l’Ecole Supérieure Multinationale des Télécommunications en 81 et de la Délégation à l’informatique (DINFO) devenue en 2004 Direction de l’Informatique de l’Etat (DIE) puis Agence de l’Informatique de l’Etat (ADIE).
C’est ainsi qu’apparaissaient les premiers balbutiements de l’informatique au Ministère des finances et dans les grandes entreprises nationales. Il fut alors créé le Comité National informatique (CNI) qui diligenta une étude pour la réalisation d’un réseau de transmission par paquet dénommé SENPAC qui marque la première étape dans la construction d’une infrastructure nationale de télécommunications prenant en compte la transmission de données et ouvrant le Sénégal vers l’extérieur. C’est dans le même registre qu’il faut verser la création du Réseau National d’Information Scientifique et Technique (RNIST) au milieu des années 80.
Enfin, dans les années 90, naquit Internet avec ses nouvelles technologies et ses nouveaux outils qui ont fini de complètement changer les habitudes et comportements, remis en cause les paradigmes, rendus caduques les frontières et contraint les économistes, juristes et autres spécialistes des relations internationales à revoir leur copie régissant le commerce inter-états, les échanges entre pays, etc. Les changements induits par ce mouvement permanent de l’innovation technologique ont fait appel à une remise à niveau permanente des connaissances et facilité depuis 1990 environ les échanges scientifiques, économiques, financiers, culturels, nationaux et internationaux.
Ces révolutions marquèrent des périodes de profonds bouleversements dans les méthodes de travail, les outils utilisés et naturellement furent à l’origine de nouvelles approches méthodologiques mais également de l’immiscion de l’informatique au cœur des métiers. Ainsi les technologies de l’information et de la communication (TIC) apparaissent comme une source d’innovation, d’optimisation des ressources, d’amélioration de l’efficacité et du rendement du travailleur, de croissance économique et d’emploi.
De nouvelles approches politiques par et pour les TICs sont de plus en plus intégrées dans les stratégies socio-économiques sectorielles et nationales. A ce titre le secteur de l’Education, principal vecteur du savoir et des connaissances, a tenté timidement de jouer le rôle de pionnier en s’adaptant le premier à cette nouvelle donne et impulser les changements dans les autres secteurs (voir mon article TIC dans l’Education dans http://www.majalis.org/blogs/morfattah ).
Le Sénégal s’est-il pour autant doté d’une politique TIC ?
Le Petit Robert définit la politique comme un « ensemble de principes généraux indiquant la ligne de conduite adoptée par une organisation privée ou publique, dans un secteur donné, et qui guident l’action ou la réflexion dans la gestion de ses activités ». Cette large définition de la politique englobe la vision globale, les objectifs visés, les résultats attendus, les principes et les plans opérationnels qui orientent les activités des différents acteurs. Si l’on se réfère à cette définition, nous pouvons affirmer, sans risque de nous tromper que notre pays ne dispose point d’une politique nationale TIC.
Nos autorités dites de l’alternance, après s’être proclamées chantres des nouvelles technologies au point de se voir confiée la coordination du volet TIC du NEPAD dés leur accession au pouvoir, ont certes tenté, après cinq années d’errements et de tâtonnements, de s’inscrire dans cette logique en établissant une lettre de politique sectorielle des Télécommunication/TIC couvrant la période 2005-2008 dont la mise en œuvre a donné quelques résultats jugés satisfaisants, quoique très mitigés. La seconde du genre qui concernait la période 2009-2012 est en toujours en cours et n’a donc pas encore été évaluée. Mais toutes les deux ont essentiellement porté sur le programme de réformes que le gouvernement entendait mettre en œuvre dans le secteur en application des directives de l’ancien chef de l’Etat qui présidait le volet TIC du NEPAD. Les principaux objectifs les plus en vue de ces lettres sont :
la réalisation du service universel pour réduire la fracture numérique conformément aux engagements pris lors du sommet « Connecter l’Afrique » tenue à Kigali en 2007 ;
l’adaptation du cadre législatif et réglementaire pour se conformer à l’évolution technologique rapide et promouvoir le partenariat public privé ; tout en restant en phase avec les directives communautaires (UEMOA-CEDEAO) ;
le développement d’infrastructures de réseau d’accès haut débit devant supporter la mise en œuvre d’applications innovantes et sécurisées ;
l’amélioration de l’appui des TIC aux secteurs de l’éducation, de la santé, de l’agriculture, de l’élevage, de la culture, de la recherche, de l’innovation, de la formation, de la protection de l’environnement, de la lutte contre l’émigration clandestine, de l’état civil, du foncier et du commerce, etc.
Quelle restrictive vision !
Au vu des véritables atouts dont nous disposons et qui, bien exploités, nous permettraient, sans nul doute, de définitivement nous hisser au rang des pays émergeants, il est assez réducteur de consigner notre politique nationale TIC à ces simples lettres de politique sectorielle qui traduisent une volonté de les utiliser comme outil d’appoint pour l’amélioration des conditions de travail et non comme un véritable lévrier de développement.
Restreindre ainsi l’ambition de notre pays à ces quelques objectifs, quand bien même louables, c’est manquer d’ambition ou méconnaitre l’énorme potentiel dont nous disposons et qui nous est conféré par notre situation géographique, la qualité de nos ressources humaines, notre offre de formation portée par une multitude d’universités publiques et privées et de nombreuses écoles supérieures qui sont souvent l’émanation de grandes institutions académiques du nord, notre excellente infrastructure de télécommunication etc. Ces quelques chiffres assez éloquents suffisent pour convaincre les plus sceptiques : Bande passante : 5,9 Gbps, 485 liaisons louées, 232 726 abonnés 3G, 93 622 abonnés ADSL, 64 538 abonnés bas débit, 390 886 abonnés Internet, 1 989 396 utilisateurs d’Internet, taux de pénétration : 15,7% de la population (source : ARTP, 31 mars 2012, IUT décembre 2011).
Les enjeux sont manifestement mal saisis et s’en tenir uniquement à cette vision serait assimilable à la stupidité de quelqu’un qui choisirait de faire des clous avec de l’or.
En effet au-delà de la nécessité de systématiquement introduire les TICs dans toutes les politiques sectorielles (Education, Santé, Développement rural, élevage, etc.) et de les intégrer comme outil transversal de développement économique et social dans une stratégie nationale cohérente d’utilisation, il urge de travailler sur l’émergence d’une véritable industrie des TIC capable de nous valoir des satisfactions inespérées sur le plan économique à l’image de l’Inde et de l’Ile Maurice. Elle devra être bâtie autour de la création de parcs technologiques, d’usines de fabrication et d’assemblage de composants électroniques, d’unités de montage d’ordinateurs et d’équipements de télécommunication, de structures de développement d’applications mobiles à forte valeur ajoutée, de structures d’intégration de solutions de haute technologie, de sociéts de téléservices (centres d’appels, télémarketing, télé saisie, etc.), de sociétés de consulting filiales des multinationales leaders mondiaux, de centres de formation certifiante sur les technologies et les standards internationaux en matière de développement d’applications, d’audit de système d’information, d’audit sécurité, de gestion de projet, etc.
Au moment où les multinationales européennes et américaines, dans leur recherche effrénée de compétitivité par la diminution de leurs coûts de production, procèdent à une délocalisation de leurs usines jusqu’en Asie (pour l’essentiel) malgré des décalages horaires de 9 à 12h conjuguées à des durées de vols d’autant d’heures, notre position géographique (5 à 6 heures de vols de ces deux grands continents), important argument dont la nature nous a gratifiés, reste jusque là inexploitée.
Les enjeux se trouvent dans la consolidation de nos avantages par le biais du développement de notre infrastructure de télécommunications, la création d’un environnement juridico-fiscal incitatif (avantage des entreprises offshores, statuts d’entreprises franches d’exportations, etc.) l’adaptation de nos curricula de formation à cette nouvelle demande (multitude d’universités et d’écoles privées de formation supérieure en Informatique et Télécommunication).
Aujourd’hui où tous les métiers, les technologies et les industries convergent autour de l’internet et des TIC, tout gouvernement qui élabore des politiques et légifère sur des réglementations se doit d’en tenir compte et d’adapter ses politiques en conséquence ; d’où l’impérieuse nécessité de redéfinir adéquatement toutes nos politiques sectorielles dans le cadre de larges concertations des acteurs publics, privés, universitaires, etc. en vue d’exploiter de manière optimale nos opportunités en la matière et ainsi, comme le disait O. Sagna, de « libérer les énergies créatrices qui permettront au Sénégal de bâtir une société de l’information inclusive, solidaire, ouverte, prospère, en adéquation avec les valeurs et les besoins de ses citoyens tout en s’inscrivant dans la perspective de l’intégration africaine ».
Mor Ndiaye Mbaye, Consultant en SI et Base de données
Email : morfattah@gmail.com
Skype : morfattah
(Source : Leral, 2 août 2012)
